Ga�lle Pionnier de Sagesse Primordiale
Inscrit le: 31 Oct 2005 Messages: 34 Localisation: Entre Vercors et Broc�liande
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Post� le: 31 Oct 2005 20:50 Sujet du message: Amours et vanit�s |
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Anges et gardiens du temple incertain de mes amours perdues ...
Lancinant silence de ces mondes sacr�s. Je regarde ce refuge blotti dans les montagnes, et j�entends les moulins � pri�res. Quelques oriflammes claquent dans le vent des hautes altitudes himalayennes, qui grince sinistre et aust�re.
Les nuages avancent vite, trop vite, comme le temps qui s��coule, � l�infini de nos peurs englouties au plus profond de nos �mes impures. Seule avec moi m�me, je m��coute, en silence, sans me comprendre, � la recherche d�un autre ailleurs, d�une jouvence, d�un point de d�part au del� du port monotone de nos folies spectrales tiss�es dans les toiles de nos absurdes. Quelques grands oiseaux semblent perdus dans les cieux limpides tout nacr�s des neiges trop blanches de ce toit du monde. Petits points de couleurs vives dans les asp�rit�s �chancr�es de ces humbles horizons o� se perdent nos faux semblants, les lamas, vont viennent et remplissent leurs t�ches quotidiennes. Seule avec le vent comme compagnon, et ce n�ant qui nous hante, notre vie pass�e, nos erreurs flagrantes et ce c�ur crev�, � l�agonie de nos amours perdues. Perles de pluie am�res, qui glissent sur mes joues et je ne sais plus qui croire, et cet � pic qui me tente, comme la mare noire et stagnantes de mes incertitudes.
Je suis seule, trop seule, �perdue et perdue dans les immensit�s apicales de ces roches sombres poudr�es de blanc. Qui suis je ? Et ses l�vres qui me manquent, je l�aime encore tant ! Je pleure, sanglots longs et tristes tout baign�s de col�re am�re, pourquoi m�a t il quitt� ?
Souvenirs �pars de nos nuits agit�es aux fragrances interdites de miel et de stupre, draps froiss�s humides et ti�des, comme le fourreau de nos �bats sublimes, autres sommets de bonheurs extatiques, saupoudr�s de ce blanc nectar de vie que tu m�offrais sans compter ! Valse � deux temps qui danse sur le pr�caire �quilibre de nos jours, juste fard�e de rires et de larmes de bonheur. Et puis tes l�vres mutines et taquines qui m�offraient tant de d�lices et savaient cambrer mon corps aux fronti�res insondables du supportable. Ces moments intimes tout napp�s de mille connivences de murmures malhabiles et de rires esquiss�s. Et tes bras puissants qui me serraient sur ton c�ur, protecteurs et s�rs juste avant d�unir nos l�vres sal�es puis nos corps arqu�s. Tu mangeais mon corps, pas un recoin de ma peau n��chappait � tes longues explorations, et tu distillais mon d�sir dans les vapeurs opiac�es de ton eau de cologne. Et cette nuit, cette derni�re nuit, je savais que tu avais quelque chose, mais toute � mon bonheur, je n�y ai pas fait plus attention. Comme la rose qui cache son �pine sous ses fleurs ouvertes et d�licates, je n�ai vu que ton ardeur, et toutes nos sueurs.
A l�aube, je t�ai regard� t�habiller, secondes vol�es, encore toute �bahie des mille tr�sors que tu avais su me faire d�couvrir, en sondant mes chairs les plus intimes. Jardins secrets, cach�s, tu m�as encore souri, merveilleux amant, et d�j� tu savais que tu ne viendrais plus.
Une porte qui claque, sinistre et froide, encore quelques fragrances oubli�es les images de ton corps athl�tique qui se t�lescopent, opium de mes amours, et le vide immense que tu as laiss�, blessant mon c�ur d�une profonde balafre qui ne veut pas se refermer.
Pas un mot, juste un sourire, beau jusque dans ta fuite, myst�rieux jusque dans tes yeux, et ton dernier regard plein de promesses �teintes, mon amour, tu me manques tellement.
Ode gutturale des lamas en pri�re, dans les souffles �th�r�s des puissantes montagnes, qui semblent vivre en apesanteur mourant lentement dans un tr�molo plein d��cho. Mon c�ur saigne, tu m�as fait mal, je sonde mes ultimes remparts, catafalques align�s de mes �pitaphes am�res, au plus profond de mes jardins secrets. Ton gisant luit faiblement dans la clart� �teinte de cette dr�le de nuit, th��tre subtil de nos myst�res �chang�s, alc�ves ouat�es de nos baisers ardents, au del� des affres de mes tourments. Le long fleuve tranquille baigne mes incertitudes cosmiques, carrefour des mondes, le passeur attend, seul, dans sa cape d��b�ne, sur sa barque plate, le bon vouloir des vivants � rejoindre les morts. L� bas les moines tib�tains viennent d�arr�ter de chanter. J�ai peur, je suis seule, tu n�es plus l�, et je me meurs d�amour pour toi. Le vent redouble, les oiseaux malmen�s hurlent impuissants. L� bas les longues nattes de tissus s�arrachent de leurs m�ts tristes, vivants un instant leurs vies d�cousues : morceaux de couleur �clatantes larguant leurs amarres affol�es, comme autant de lampions dans le ciel sombre des neiges �ternelles.
Rompre ses attaches, rejoindre le passeur, le gris de mes jours brille dans le noir de mes peines.
Contact charnel, audacieux destins sous les cieux d�cha�n�s. Je sens sa main sur mon �paule. Le vide sid�ral, mon c�ur qui se calme, ma fuite �perdue qui semble enfin trouver sa ligne de conduite. Je me retourne, boulevers�e. Il est l�, petit gnome tout habill� d�orange. Son regard me transperce, je n�ai rien � lui dire, il a d�j� tout compris. Il me montre le reste de soleil, et les nuages qui d�filent. Puis il cueille une fleur et souffle sur les p�tales, qui s�envolent doucement avant d��tre pris par les vents, qui les emm�nent lestement dans une danse effr�n�e. Alors je vois les montagnes, dont son doigt tendu �pouse les silhouettes en contre jour, dans un lent mouvement circulaire. Il se retourne � nouveau, et me regarde s�v�re. Il me parle, une langue chevrot�e, s�culaire et rugueuse comme ces monts perdus dans le ciel. Je ne sais pas ce qu�il me dit, mais il est des langages que le c�ur sait comprendre, sans jamais les avoir appris. Le passeur glisse dans les eaux sombres des autres mondes, il emporte un vieil homme, tout petit au regard b�ni, tout habill� d�orange. Il ne m�attend plus. Je suis seule, et cette fleur coup�e, sans p�tales, d�licatement d�pos�e au creux de ma main me dit que je n�ai pas r�v�e.
Et pourtant je t�aime tant �.
Mille bises
Ga�lle |
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